Peut-on live bloguer une expo ?

Publié le par Julz

J'ai passé une bonne partie de la journée de vendredi au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, pour aller voir des expositions qui font beaucoup parler d'elles. Il faut m'imaginer flaner dans les salles, ma sacoche d'ordinateur sur l'épaule et le livret de l'exposition dans la main, prenant des notes (moi, pas le livret). Je m'arrête devant certaines toiles, passe rapidement quelques dessins... Et maintenant je ne lis les panneaux qu'à la fin de la salle, histoire de me faire d'abord une idée et de réfléchir avant de lire ce qu'on peut dire des oeuvres.

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J'ai d'abord visité la rétrospective Jean-Michel Basquiat. C'est un artiste que je ne connaissais pas avant, et qui me plaît beaucoup depuis que j'ai vu cette exposition. Je ne vais pas vous expliquer son oeuvre, ce n'est pas le but de cet article. Allez voir l'exposition. Cet artiste, issu d'un milieu bourgeois, se rebelle à l'école et taggue les murs. Et ensuite, il peint. "Mon travail n'a rien à voir avec les graffiti. C'est de la peinture, ça l'a toujours été. J'ai toujours peint. Bien avant que la peinture ne soit à la mode." Cette citation vient au milieu de l'exposition, j'aurais aimé qu'elle soit au début, comme un avertissement : il est facile de prendre son art pour du graffiti transposé sur toile. Mais en même temps, c'est vrai que ça dépasse complètement le tag, il y a autre chose... Vraiment il faut y aller. En plus, ces toiles sont pour la plupart de grands formats, avec des couleurs plutôt vives, c'est donc vraiment marquant et impressionnant.

Pour faire bref, on peut dire que j'ai adoré l'oeuvre de Basquiat qui était exposé, et que j'ai apprécié l'exposition avec quelques réserves quand même : c'est vrai que c'est lisible, clair, qu'on comprend où les commissaires veulent nous emmener. Mais je commence à me lasser des expositions bêtement chronologiques. Les salles se succèdent dans le même ordre que les évènements dans la vie de Basquiat : ses débuts comme graffeur, ses premiers ateliers, puis les expositions qui lui sont consacrées de son vivant (à la fin du parcours, chaque salle est consacrée à une exposition organisée par un galeriste). D'après ce que j'ai lu, ça permet de montrer que Basquiat, même s'il n'a pu exercer que très peu de temps (environ dix ans de carrière, il est mort en 1988 à l'âge de 27 ans), a "eu ses périodes" comme n'importe quel grand artiste. Bon. Mais ça aurait été intéressant de monter l'exposition selon des grands thèmes qui parcourent l'oeuvre du newyorkais, comme le corps humain, les dénonciations politiques (et notamment à propos des "negro" comme il l'écrit lui-même, en majuscule, à même la toile), la présence du quotidien dans ses oeuvres, les textes que l'on retrouve tout au long de sa carrière sur ses tableaux, les recherches plus plastiques sur les matériaux et les supports... Parce que du coup, avec une organisation chronologique, les panneaux sont presque uniquement biographiques. J'exagère, on a quelques fois de vrais commentaires de son art, mais c'est vrai que j'aurais aimé plus d'analyse... A moins que ça fasse trop de lecture pour le visiteur qui, il faut bien le dire, s'attaque déjà à une exposition plutôt longue.

 

Au contraire, l'exposition à l'étage d'oeuvres de Didier Marcel, "Sommes-nous l'élégance", est bien plus courte. Et elle m'a beaucoup moins plu.

Ça commence par un moulage de champ, peint en rouge, suspendu au mur. On entre dans une salle et on voit un énorme tas de bois sur la droite. Le musée à de quoi se chauffer pour l'hiver. A gauche, des blocs de pierre disposés à terre, qui nous laissent aussi perplexes que devant le basalte de Beuys à Berlin, alternent avec des oiseaux en papier. On remarque ensuite le faux grillage sur le mur. Avec ces oeuvres, aucune explication. Juste un cartel qui nous indique "sans titre". On est bien avancé. Même pas une indication sur la matériau : c'est du plâtre ? et là du fer ? Pourquoi est-ce qu'ici on a des trétaux avec des bois de cerfs ? En parlant de cet exposition, un ami m'a dit qu'il s'y trouvait mal. Je comprends mieux. Moi c'est "juste" ma curiosité qui n'est pas assouvie, je ressors frustrée. Je ne sais pas ce que j'ai vu.

A l'entrée, il y a quand même une petite introduction à l'exposition, que j'avais survolé. Je la relis, ça pourrait m'éclairer. On nous parle de l'interrogation sur l'intervention de l'homme dans la nature, de la nécessité de distinguer le vrai du faux. "On n'attend pas du visiteur qu'il soit seulement regardeur, mais passant...". On nous parle de lutte avec le réel. Puis que Didier Marcel a fait de grands expositions et qu'il est "hors courant".

Soit, ça ne m'en dit pas beaucoup plus. Tout ça est un peu... abstrait ?

 

Face à Didier Marcel, c'est la rétrospective Larry Clark, le photographe. "Kiss the past hello". Clar-k-Larr-y... Clar...a ? Clara Malaussène, la photographe qui capture le réel ? Je m'attendais à voir les photos de Clara, et c'est bien ce qu'on nous annonce : "A la limite du documentaire et du journal intime, sans filtre ni tabou, ses travaux portent un regard sans concession sur la jeunesse américaine...".

Mon avis sur l'exposition est mitigé. Elle a été interdite aux mineurs, ce qui a fait un grand bruit. Du coup, on s'attend à voir des clichés extrêmement choquants. Oui bon, ce sont des corps, des sexes, de la drogue... On est presque déçus en fait.

Les photographies sont alignées sur les murs, je regarde consciensieusement. C'est donc ça, la jeunesse ? Sexe et drogue ? On ne voit quasiment rien d'autre, quelques portraits simplement. Je me demande pourquoi le geste de la piqûre l'intéresse autant, on le retrouve partout. Je m'arrête devant un film, des petites séquences qui filment des jeunes. En gros, ils fument, ils baisent et ils se piquent. Sans le son. Ils parlent, mais on n'entend rien. De quoi peuvent-ils parler ? Boah, de sexe sûrement... "C'est chiant" dit quelqu'un, en partant. Oui, c'est chiant. C'est l'ennui. C'est ça la vie ? Sexe, drogue, flics ? Et dialogues silencieux ?

Mais sinon, je trouve qu'il y a de belles images, une belle lumière (autant dans ce film que dans les photographies autour). Les expressions sont saisies au vol. Les gros plans magnifiques (sauf quand le cameraman est dans une voiture, là j'aime moins les gros plans...). Il y a plusieurs plans fixés sur la fenêtre, je trouve ça beau. Quelqu'un ouvre la fenêtre, regarde dehors, s'ennuie. Bah nous aussi en fait. Tiens, justement, quelqu'un baille dans le petit film... Bon je vais pas rester une heure devant pour tout voir, je décide enfin de partir, après la scène de sexe où le gars passe son temps à remettre le drap sur ses fesses pour qu'on voit rien (faudra m'expliquer l'intérêt de la scène, du coup. Filmer pour ne rien montrer).

Un petit tour dans le reste de l'exposition. Ah, non, la vie c'est pas que ça ! C'est aussi l'alcool, les voitures, la violence, les flingues. Les skateboards, les magazines, la bande dessinée, les casquettes et montrer son cul. Les tatouages, les crètes colorées, se mettre à poil et/ou traîner dans la rue. Qu'est-ce qu'on s'amuse quand on est jeune !


Larry Clark m'apprend la vie.

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K
<br /> <br /> c'était un peu second degré la remarque.<br /> <br /> <br /> Au premier degré plutôt les expos, même si je ne me sens pas capable d'apprécier "l'Art". Mais, si on n'essaie pas, on en peut pas vraiment savoir non plus.<br /> <br /> <br /> <br />
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K
<br /> <br /> ça fait envie.<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Envie d'aller voir les expos ou envie de vivre comme un jeune à la Larry Clark ?<br /> <br /> <br /> <br />