Le Parti Communiste Révolutionnaire
Le Parti Communiste Révolutionnaire
Conte
De Léopoldine Litch
D'après « Le Petit Chaperon rouge » de Charles Perrault
Il était une fois
un petit Parti Communiste de Russie, le plus populaire qu’on eut su voir : ses partisans en étaient fous, sa patrie plus folle encore. Cette patrie lui fit faire une révolution,
qui réussit si bien, que partout on l’appelait le Parti Communiste Révolutionnaire.
Un jour, sa patrie ayant voulu et mis en place une dictature, lui dit :
-Va voir comment se porte le Marché Global, car on m’a dit qu’il était malade, porte lui une dictature et cette idéologie.
Le Parti Communiste Révolutionnaire partit aussitôt pour aller chez le Marché Global, qui demeurait en Occident. En passant le rideau de fer, il rencontra compère le Libéralisme, qui eut bien envie de l’escroquer ; mais il n’osa, à cause de quelques fonctionnaires de l’O.N.U. qui étaient dans la finance. Il lui demanda où il allait ; le pauvre Parti, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter le Libéralisme, lui dit :
-Je vais voir le Marché Global, et lui porter une dictature et une idéologie que ma patrie lui envoie.
-Demeure-t-il bien loin ?lui dit le Libéralisme.
-Oh ! oui, dit le Parti Communiste Révolutionnaire, c’est par-delà la R.D.A. que vous voyez tout là-bas, là-bas, au premier pays d’Europe de l’Ouest.
-Eh bien ! dit le Libéralisme, je veux l’aller voir aussi ; je m’y prendrai par la corruption, toi par la propagande, et nous verrons qui plus tôt y sera.
Le Libéralisme se mit à corrompre de toute sa force par l’intermédiaire de ses agents dans les gouvernements, et le petit Parti contre-attaqua par l’intermédiaire de la propagande, s’amusant à composer des discours, à caricaturer des opposants et à faire de la censure quand il y avait encore quelque chose à censurer.
Le Libéralisme ne fut pas longtemps à arriver au pays du Marché Global ; il soudoie ; en euros, en dollars…
-Qui est là qui nous soudoie ?
-C’est votre fils, le Parti Communiste Révolutionnaire, (dit le Libéralisme en contrefaisant son programme politique) qui vous apporte une dictature et une idéologie que ma patrie vous envoie.
Le bon Marché Global, qui était en reconstruction à cause de la seconde guerre mondiale, lui cria :
-Graisse-moi la patte, je t’accorderai du crédit auprès des citoyens-consommateurs.
Le Libéralisme lui graissa la patte, et son crédit auprès des citoyens-consommateurs augmenta. Il se jeta sur le bon Marché Global, et l’exploita à fond, car cela faisait un bon moment qu’il avait besoin de capitaux. Ensuite il décolonisa les P.M.A. et alla créer des unions douanières, en attendant le Parti Communiste Révolutionnaire, qui quelques temps après vint en Europe occidentale : Bourrage de crâne et stratégie du salami.
-Qui est là qui nous dévoie ?
-C’est votre fils, le Parti Communiste Révolutionnaire, qui vous apporte une dictature et une idéologie que ma patrie vous envoie.
Le Libéralisme lui cria, en rendant son programme politique un peu moins radical :
-Graisse-moi la patte, je t’accorderai du crédit auprès des citoyens-consommateurs.
Le Parti Communiste Révolutionnaire lui graissa la patte, et son crédit auprès des citoyens-consommateurs augmenta. Le Libéralisme, le voyant gagner des places dans les Assemblées nationales, lui dit en se cachant derrière l’impérialisme américain :
-Démocratise ton gouvernement et ton idéologie dans le sens de la république parlementaire, et viens négocier avec moi à l’O.T.A.N.
Le Parti Communiste Révolutionnaire fait des concessions et libéralise son programme économique, et fut bien étonné de voir comme le Marché Global était vénal. Il lui dit :
-Marché Global, qu’est-ce que vos administrateurs ont le bras long !
-C’est pour mieux serrer la pince aux marxistes, mon fils.
-Marché Global, qu’est-ce que votre expansion est rapide !
-C’est pour mieux mondialiser, mon enfant.
-Marché Global, qu’est-ce que vos médias sont bien renseignés !
-C’est pour mieux mystifier, mon enfant.
-Marché Global, qu’est-ce que vos instituts de sondages sont efficaces !
-C’est pour mieux manipuler, mon enfant.
-Marché Global, qu’est ce que vos gouvernements sont forts !
-C’est pour mieux éliminer les idéalistes qui veulent nous mettre des bâtons dans les roues.
Et en disant ces mots, ce méchant Libéralisme se jeta sur le Parti Communiste Révolutionnaire, et le mangea.
Moralité :
On voit ici que les petits partis
Surtout les anarchistes
Philanthropes et idéalistes
Font très mal de se mêler de l’Economie
L’Histoire les met au placard
Et cela n’a rien de bizarre.
Je dis l’Histoire, et pour entrer
Vraiment dans Sa Postérité
L’on se doit d’avoir dans sa poche
Des partisans et des fantoches
Du piston, et beaucoup d’argent
Plutôt que des bons sentiments.
C’est triste mais il faut être bien innocent
Pour rêver à l’élévation du genre humain
Sans jamais se servir d’un pot de vin.